Fin de la trêve hivernale : 271 enfants à la rue dans la métropole lyonnaise – Appel à un rassemblement le 31 mars

À l’occasion de la semaine européenne pour le droit au logement, le collectif « Jamais Sans Toit » organise un rassemblement vendredi 31 mars à partir de 17h30 sur la place de la Comédie à Lyon. À quelques jours de la fin de la trêve hivernale, alors que 271 enfants demeurent sans solution d’hébergement au sein de l’agglomération Lyonnaise, ce rassemblement sera l’occasion de rappeler avec force l’intangibilité des deux principes qui régissent le droit à l’hébergement d’urgence : son inconditionnalité et sa continuité. Nous appelons les pouvoirs publics à respecter leurs obligations, et les élus les engagements qu’ils ont pris. 

« Aucun enfant à la rue cet hiver » : un engagement non tenu

La mobilisation sur le terrain du Réseau National d’Aide aux élèves Sans Toit, relayée dans l’hémicycle par de nombreux députés, puis l’interpellation des maires de 44 grandes villes, avaient conduit M. Olivier Klein, ministre délégué au logement, à s’engager devant la représentation nationale et les associations à ce « qu’aucun enfant ne dorme à la rue cet hiver ». Le 10 novembre, dans un courrier à destination des préfets, ils les enjoignait à traduire localement les promesses du gouvernement en faveur des enfants sans abri en renforçant les dispositifs hivernaux et en veillant à la mise à l’abri des familles expulsées des squats et des bidonvilles.

Dans la foulée, une cellule nationale de suivi était instituée afin d’identifier les besoins au plus près de la réalité du terrain et d’y apporter des solutions rapides. Pour autant, force est de constater que la promesse n’a pas été tenue. À la veille des vacances de Noël, le collectif « Jamais Sans Toit » recensait un nombre inégalé de familles sans abri : 292 enfants se trouvaient à la rue sur le territoire de la Métropole de Lyon, et parmi eux, beaucoup de bébés et d’enfants atteints de maladies graves ainsi que des femmes enceintes ; des publics vulnérables qui étaient pris en charge en urgence par le 115 les années précédentes. Ce chiffre record a très peu diminué durant l’hiver, faute de moyens suffisants déployés pour ouvrir de nouvelles places. À la veille de la trêve hivernale, « Jamais Sans Toit » recense encore 271 enfants sans solution d’hébergement au sein de la Métropole Lyonnaise – un chiffre trois fois plus élevé que l’an dernier à la même date, et cinq fois plus si l’on s’en tient à la seule ville de Lyon. 

Des pouvoirs publics défaillants : les écoles comme seul refuge à la misère

Cette année comme tous les ans depuis 2014 – exception faite des deux années pendant lesquelles le plan d’urgence COVID a été appliqué – , c’est encore et toujours la mobilisation citoyenne qui pallie les manquements des pouvoirs publics. Depuis la rentrée scolaire, 28 établissements scolaires ont été occupés et ont fait office d’abri de nuit à une centaine d’enfants et leurs parents avant qu’ils n’intègrent le circuit légal d’hébergement d’urgence. Au mois de décembre, plus de 40% des enfants sans-abri des villes de Lyon et Villeurbanne étaient hébergés dans les écoles, comme si celles-ci faisaient office de dispositif officieux d’hébergement. 

Le drame des enfants sans toit continue de susciter un élan de solidarité et de générosité au sein de la communauté éducative. Des dizaines de personnes se sont relayées nuit et jour, pendant de longues semaines, pour porter secours à ces misérables. Plus de 25 000 euros ont été dépensés par le collectif depuis la rentrée de septembre rien qu’en nuitées d’hôtel. Mais il est désolant de constater que les pouvoirs publics (Etat, Métropole et Ville) ne parviennent pas à travailler en bonne intelligence et se déchargent de leurs responsabilités sur la seule générosité citoyenne. Celle-ci a ses limites et ne peut se substituer plus longtemps au principe de solidarité édicté par la loi. 

Fin de la trêve hivernale : des remises à la rue inacceptables

La fin de la trêve hivernale nous fait fortement redouter des remises à la rue dans les jours qui viennent. Elles seraient contraires au principe de continuité de l’hébergement d’urgence tel qu’il est inscrit dans la loi, et risqueraient de s’effectuer dans la précipitation et l’impréparation, comme cela a pu arriver par le passé, avec une gestion bureaucratique des « flux » qui prend le dessus sur la prise en considération des situations humaines et des besoins fondamentaux des personnes.

Les comités de soutien fédérés au sein du collectif « Jamais sans Toit » n’accepteront aucune remise à la rue des élèves et de leur famille. Ils continueront d’accompagner les familles dans leurs demandes d’un hébergement stable.

Favoriser l’accès au logement en facilitant la régularisation des sans-papiers

Enfin, puisque les problématiques de logement, de papiers et de travail sont étroitement intriquées et constituent trop souvent un frein à la bonne intégration des personnes, la question de leur régularisation administrative doit être posée. En raison du contexte social actuel, le gouvernement a repoussé l’examen du projet de la loi « asile et immigration ». Dans un contexte de pénurie notoire de places d’hébergement d’urgence, souvent occupées par des familles sans-papiers, plusieurs acteurs associatifs plaident en faveur de leur régularisation. Faciliter l’accès à un titre de séjour permettrait à ces personnes qui travaillent  – certes, souvent au noir – de lutter contre l’engorgement du système, de les sortir de la précarité, d’accéder à davantage d’autonomie et à un logement pérenne.

Une délégation du collectif « Jamais Sans Toit » sera en reçue en Préfecture du Rhône par Mme la Directrice de Cabinet de la Préfète de Région mardi 4 avril à 18h.

Contact presse :

Juliette 06 89 34 50 65

Fanny 06 41 77 10 92

Calendrier de la mobilisation :

  • Jeudi 30 mars à 16h45 : goûter solidaire place Guichard en soutien à une famille sans toit dont les enfants sont scolarisés à l’école maternelle Saint-Exupéry et à l’élémentaire Mazenod (Lyon 3e arrdt.) en présence de Mme Marie-Charlotte Garin, députée de la circonscription et Mme Sandrine Runel, adjointe aux solidarités de la Ville de Lyon 
  • Jeudi 30 mars à 18h30 : réunion autour du sans-abrisme à l’initiative de Marie-Charlotte Garin, députée de la 3e circonscription du Rhône en présence de Jamais Sans Toit, du collectif soutiens Migrants/Croix-Rousse, d’Alynea, de l’association Le Mas, au Flâneur 56, rue Sébastien Gryphe (Lyon 7e arrdt.)
  • Vendredi 31 mars à 18h : vente de plats traditionnels confectionnés par les 10 familles mises à l’abri par le collectif, 6 rue Victor Hugo (Fontaines-sur-Saône)
  • Vendredi 31 mars à 17h30 : rassemblement à l’initiative de Jamais Sans Toit, du collectif Soutiens Migrants/Croix-Rousse, du DAL 69 et de l’Intersquat 69 devant l’Hôtel de Ville de Lyon, place de la Comédie (Lyon 1er arrdt.)
  • Vendredi 7 avril à 16h15 : goûter solidaire devant l’école Grandclément en soutien à une famille sans toit (Vaulx-en-Velin)
  • Vendredi 7 avril à 16h30 : goûter solidaire devant l’école maternelle Michel Servet en soutien aux familles sans toit du groupe scolaire (Lyon 1er arrdt.)

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