Dans le baromètre qu’ils publiaient le jour de la rentrée scolaire, la Fédération des Acteurs de la Solidarité et l’UNICEF alertaient sur l’explosion du nombre d’enfants sans abri sur le territoire national. Ainsi, dans la nuit du 22 au 23 août, 1 658 enfants (dont 368 avaient moins de 3 ans) n’avaient pas eu accès à une place d’hébergement par manque de place. Un chiffre en augmentation de 86 % par rapport à janvier. Trois semaines plus tard, ce chiffre grimpait à 2 087 soit une augmentation de plus de 30%. Le 10 octobre, à l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale, l’UNICEF France et le Samu Social de Paris ont publié un rapport conjoint intitulé « Grandir sans chez-soi : Quand l’exclusion liée au logement met en péril la santé mentale des enfants », qui expose les conséquences du sans-abrisme ou de la précarité en matière de logement sur la santé mentale des enfants. Toujours selon ce baromètre – puisqu’il n’existe pas de chiffres officiels – plus de 42 000 enfants vivent actuellement dans des hébergements d’urgence, des abris de fortune ou dans la rue sur le territoire national.
Le retour brutal au monde d’avant
Et la métropole lyonnaise ne fait pas exception à ce sombre tableau. Ici aussi, les compteurs explosent avec 189 enfants sans toit recensés ce jour par « Jamais Sans Toit » dont 23 enfants de moins de 3 ans et 105 dans la seule ville de Lyon pourtant dotée d’un plan « zéro enfant à la rue ». Et ces données ne prennent pas en compte les mineurs étrangers, seuls, sans famille ni ressources. A titre de comparaison, notre collectif recensait 72 enfants sans toit l’an dernier à la même date. Tout porte à croire que ce chiffre va encore grimper et que l’on retrouvera les niveaux de sans-abrisme qui étaient ceux d’avant la crise sanitaire. Il ne s’agit pourtant que de la partie émergée de l’iceberg car en dépit du maillage de notre réseau et de l’association C.LA.S.S.E.S qui nous permet d’avoir une assez bonne connaissance du terrain, le recensement ne concerne que 48 établissements scolaires. Ainsi, face à l’urgence et à l’absence de places disponibles dans le circuit de droit commun, les établissements scolaires ont commencé à se mobiliser dès la rentrée, organisant goûters solidaires pour récolter des fonds et rappelant les autorités à leurs obligations légales. Dès la fin du mois de septembre, le collège Pierre Valdo à Vaulx-en-Velin débutait une occupation de ses locaux afin de mettre à l’abri une famille de 3 enfants.
Les promesses intenables du Ministre du Logement
En visite à Lyon et interpellé sur le sujet par le collectif Valdo, le Ministre délégué au Logement, M. Olivier Klein déclarait le 27 septembre au micro de BFMTV Lyon avoir saisi le Préfet du Rhône et promettait d’apporter une solution à la famille hébergée dans le collège dans les 48h ainsi qu’à tous les enfants sans toit de la Métropole.
« C’est évidemment une situation inacceptable […]. Les enfants doivent avoir un toit et doivent être protégés. […]. L’ensemble du gouvernement et de mon ministère sommes mobilisés pour que ces situations n’existent pas ou, quand elles existent, qu’elles soient prises en compte quel que soit le territoire, lyonnais ou sur l’ensemble du territoire national. […] Je continuerai à suivre cette famille comme je continue à suivre l’ensemble des familles qui sont dans ce type de cas qui sont des cas extrêmement durs et inacceptables. »
Si le 30 septembre, la famille du collège Valdo se voyait proposer une place, les autres enfants sans toit de la Métropole attendent toujours, notamment ceux de l’école Gilbert Dru à Lyon qui fait office de refuge de nuit depuis plus d’une semaine ou ceux de l’école Lazare Goujon à Villeurbanne qui sera occupée à partir de jeudi 13 octobre ou encore tous ceux des écoles Philibert Delorme (Lyon 8e) et Johannes Masset (Lyon 9e) qui se préparent à une occupation de leurs locaux.
Comment le Ministre pourrait-il tenir ses engagements alors même qu’il n’existe plus aucune place disponible dans le circuit de l’hébergement d’urgence ? D’autant que le gouvernement prévoit dans le projet de la loi de finance qui sera débattu au Parlement début novembre la suppression de 7 000 places d’ici à la fin de l’année et de 7 000 autres places pour 2023. Une décision totalement irresponsable au regard des besoins observés sur le terrain et de la crise économique et sociale qui s’annonce dans un contexte inflationniste qui va plonger des milliers de ménages dans la misère.
Le gouvernement doit revoir sa copie, accélérer la politique du « logement d’abord »
Lundi 17 octobre, à l’occasion de la Journée Mondiale du Refus de la Misère, une conférence de presse se tiendra depuis l’Assemblée Nationale à l’initiative de député.e.s de tous bords. La FCPE, l’UNICEF France, le Collectif des Associations Unies, la Fédération des Acteurs de la Solidarité, et les collectifs fédérés au sein du Réseau National d’Aide aux Élèves Sans Toit auquel « Jamais Sans Toit » est affilié prendront la parole devant la représentation nationale. L’objectif est d’interpeller le gouvernement afin qu’il renonce à son plan initial et de déposer un amendement au projet de loi de finance de la Sécurité Sociale dans le but d’augmenter le nombre de places d’hébergement.
Faciliter la régularisation
Enfin, puisque les problématiques de logement, de papiers et de travail sont étroitement intriquées et constituent trop souvent un frein à la bonne intégration des personnes, la question de leur régularisation administrative doit être posée. Dans le cadre de la discussion qui s’annonce début 2023 à propos du projet de loi sur l’immigration, et dans un contexte de pénurie notoire de places d’hébergement urgence souvent occupées par des familles sans-papiers, plusieurs acteurs du secteur de l’hébergement d’urgence plaident en faveur d’une régularisation de celles-ci. Faciliter l’accès à un titre de séjour permettrait à ces personnes qui travaillent – souvent au noir – de lutter contre l’engorgement du système, de les sortir de la précarité et de leur permettre d’accéder à davantage d’autonomie et à un logement pérenne.
Le collectif « Jamais Sans Toit » appelle à un rassemblement devant la Préfecture lundi 17 octobre à 18h – Rue Dunoir, Lyon 3e et a sollicité une audience auprès de M. le Préfet du Rhône.
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Goûters ou cafés solidaires :
Jeudi 13 octobre à 16h45 à l’école Veyet à Lyon 7e
Jeudi 13 octobre à 16h45 à l’école Philibert Delorme à Lyon 8e
Jeudi 13 octobre à 16h45 à l’école Gilbert Dru à Lyon 7e
Lundi 17 octobre à 16h45 à l’école Berthelot à Lyon 7e
Mercredi 19 octobre à 11h50 à l’école Anatole France à Villeurbanne
Jeudi 20 octobre à 16h45 à l’école Charial